Yamaha Niken, je la détestais, puis je l’ai essayée
Yamaha Nikenpar Adrian
Comme la plupart d’entre vous, j’avais les plus gros aprioris vis à vis de la Yamaha Niken. Mais après l’avoir essayée dans de nombreuses conditions, ils ont tous disparu. Je vous explique.
Salon de Milan 2017. On découvre la Yamaha Niken : première moto à 3-roues capable de pencher, de l’Histoire. C’est gros, c’est moche et c’est inutile. C’est ce que tout le monde se dit (sauf Bader…) et c’est ce que je pense aussi. Une moto, ça a deux roues. Une à l’avant, une à l’arrière.
« Alala, si seulement j’avais une deuxième roue avant… Ma vie serait tellement meilleure »
Ça a toujours été comme ça et on n’a pas besoin que ce soit différent. Jamais je me suis retrouvé dans la situation où je me suis dit : « Alala, si seulement j’avais une deuxième roue avant… Ma vie serait tellement meilleure ». Et pourtant.
Ne jamais dire jamais
Et pourtant, quelques mois plus tard, je me retrouve dans les alpes autrichiennes, au guidon de cette moto dotée de deux roues avant. Je suis censé essayer cet engin pour le compte du magazine Moto et Motards (et faire un wheeling à son guidon). Et je suis bien embêté, parce que je me rends compte que je me suis trompé : avec une deuxième roue avant, ma vie serait meilleure.
La perte de l’avant
La sensation la plus désagréable à moto est la perte de l’avant. C’est-à -dire cet instant où le pneu avant n’a plus d’adhérence et glisse vers l’extérieur du virage. Le pire avec ce phénomène, c’est qu’il prévient très peu. Quand vous sentez que l’avant se dérobe, vous avez un instant pour rétablir la situation, sinon c’est la chute.
vous avez rarement de la chance avec les pertes de l’avant…
Il n’y a pas grand-chose à faire quand ça arrive : si vous avez de la chance, vous avez le temps de redresser la moto, redresser la roue avant et éviter la chute. Mais vous avez rarement de la chance avec les pertes de l’avant…
Vous comprendrez donc qu’un avant qui glisse peu est certainement la chose la plus rassurante qui soit.
Le coefficient Yamaha Niken
Et jusqu’à la Yamaha Niken, toutes les motos offraient à peu près les mêmes performances. Parce que vous avez beau tourner le problème dans tous les sens, une moto aura toujours ses 200 et quelques kilos, qui reposent au sol sur deux empreintes de pneus de la taille d’une carte bancaire. Et malheureusement, les meilleures fourches, les meilleures roues et les meilleurs pneus retarderont le phénomène, mais seront rattrapés par les lois de la physique élémentaire.
vous perdez moins souvent l’avant, vous êtes plus en confiance
Le moyen que Yamaha a trouvé pour retarder le moment où la perte de l’avant arrive, c’est d’augmenter la surface de contact au sol. L’idée est simple : répartir les efforts subis par le train avant sur deux points d’appui permet de retarder le moment où celui-ci est dépassé et perd l’adhérence. Résultat : vous perdez moins souvent l’avant, vous êtes plus en confiance, votre vie est meilleure.
En pratique
Pour être sûr de cette nouvelle capacité, on s’est rendu sur le centre de développement Pirelli, plus particulièrement sur le circuit Wet. L’idée était de mettre à mal le train avant dans les pires conditions. Vous le savez sûrement si vous avez regardé le reportage, mais la Niken a été 2 secondes plus rapide que le record du tour à moto avec des pneus route, avec un chrono en 32 secondes. Il y a eu, dans l’histoire de la piste, qu’une moto plus rapide que ça : une Yamaha R1 de championnat du monde Superstock, équipée de pneus pluie, qui a roulé en 31,8 secondes… Voilà qui en dit long sur l’efficacité du mécanisme.
Le repose pieds frottait le sol, alors que j’avais encore de la pression sur le levier de frein avant et que la piste était détrempée
De mon côté, en termes de sensations, j’ai rarement été autant dérouté sur une moto. Sur la vingtaine de tours que j’ai fait, je n’ai pas eu une seule alerte, un seul moment, où l’avant a glissé. L’arrière oui, souvent. Mais l’avant, jamais. Le repose pieds frottait le sol, alors que j’avais encore de la pression sur le levier de frein avant et que la piste était détrempée, mais rien à faire : la Niken ne glissait pas. Je pense même qu’avec un peu plus de temps passé sur la moto (c’était notre premier jour de tournage), il était possible de rouler plus vite.
Et pour les lambda ?
Mais vous allez me dire : en quoi être plus rapide de 2 secondes sur circuit veut dire qu’un motard lambda sera plus en sécurité ? Tout simplement parce que même à allure modérée, une moto peut avoir des réactions qui ne rassurent pas. Sans que l’avant se mette forcément à glisser, il peut y avoir du mouvement, des oscillations, qui sont autant de signaux envoyés au cerveau pour lui dire d’être prudent.
vous sentez deux fois moins l’impact. Donc vous êtes deux fois plus en confiance.
Avec la Niken, il n’y a rien de tout ça, toujours grâce à ses deux roues avant. Par exemple, si vous passez sur une bosse ou un trou avec une moto normale, la roue avant va bouger. Sur la Yamaha Niken, une roue prend la bosse ou le trou, mais l’autre reste au contact du sol. Donc vous sentez deux fois moins l’impact. Donc vous êtes deux fois plus en confiance.
Et le reste
Pour la suite, je n’ai pas grand-chose à reprocher à la Yamaha Niken. Elle se conduit aussi simplement qu’une moto normale. Son moteur (le CP3, qui équipe la MT-09 et la Tracer 900) est à la fois discret et sensationnel. Son freinage est très efficace. Sa position est confortable (bien que le guidon soit un peu trop large et qu’elle ne protège pas du vent). Bref, pour le reste, c’est vraiment cool.
La Yamaha Niken a bien un défaut ?
En fait, le seul truc que l’on pourrait vraiment lui reprocher, c’est son poids. 263 kilos avec les pleins, au moment de la déplacer à l’arrêt, c’est problématique. Surtout que le poids supplémentaire est situé au niveau du système de train avant, et donc assez haut. Ça a vite fait de vous embarquer… En roulant, c’est moins dérangeant, car le système est bien fait et la moto s’incline sans forcer. En revanche, quand on commence à pousser un peu, sur des petites routes, le poids se fait ressentir. La moto peut avoir une légère tendance à élargir si vous êtes en mode hardcore. Mais on lui pardonne, parce qu’elle offre tellement plus.
ne plus regarder où je mettais les roues
Nouvelle façon de rouler
Sur cette moto, j’ai expérimenté une façon de rouler qui m’était inconnue. Celle de ne plus regarder où je m’étais les roues. En règle générale, on a toujours un œil sur la route, à une dizaine de mètres, pour éviter les trous, ne pas se faire surprendre par une zone humide ou adapter la vitesse en fonction de l’état de la chaussée. Avec la Yamaha Niken (et tous les véhicules à trois roues), ce n’est plus le cas. Parce que même si le bitume est sale, vous savez que vous n’allez pas perdre l’avant. Je ne m’en suis pas rendu compte sur la moto, mais après, quand je suis remonté sur une moto normale (avec une roue avant quoi). Là , j’ai dû à nouveau anticiper et faire attention à où je mettais les roues. Alors oui, avec elle, ma vie était un peu meilleure.
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On ne peut vraiment pas perdre l’avant ?