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Toutes les stars arrivent à poser le genou. Étrange non ?

Après chaque saison de High Side, je reçois des centaines de mails, de messages et de questions concernant cette rubrique phare de l’émission : Une Star – Un Slider. Le principe est simple.

On invite une célébrité connue du grand public (donc bien au-delà du microcosme moto) à nous rejoindre sur le circuit Paul Ricard afin de lui enseigner les bases du pilotage moto sur une piste de vitesse. Le but est qu’elle parvienne à poser le genou en virage avant la fin de la journée et si possible sans se blesser, notre assureur ayant assez peu d’humour quand on parle de compenser les pertes financières qu’engendrerait la blessure d’une de ces personnalités pour leurs agences, chaînes, producteurs et autres sponsors. Croyez-le ou non, certaines de ces personnalités font gagner tellement d’argent à ces agences, chaînes, producteurs et sponsors, que les blesser coulerait purement et simplement notre petite société de production en un claquement de doigts…

Poser le genou n’est pas un objectif, c’est une conséquence.

Finalement, comme la pratique de la moto, ce moment de l’émission ne nous laisse pas le luxe d’un choix : on doit faire en sorte qu’il reste sur ses roues, car le risque est trop élevé. Mais peu importe, cette rubrique est un symbole. Poser le genou n’est pas un objectif, c’est une conséquence. Cette partie du programme a pour but de montrer la technicité du pilotage moto et comme tout ce qui s’apprend sur une moto, de prouver qu’avec du travail, on parvient tous à dominer nos peurs et notre machine

Pourquoi ça fait peur ?

poser le genou - pourquoi ca fait peurLe suspense réside principalement dans le fait que ces « stars » n’ont pour la plupart jamais vu un circuit automobile, ni de près ni de loin, qu’elles n’ont pas reçu de formation dans ce but et que tout ça cumulé, il paraît impossible qu’elles parviennent à réaliser cette prouesse en si peu de temps et systématiquement, aux commandes d’une moto qu’elles ne connaissent pas du tout. Et pourtant, elles y arrivent toujours. 100% de réussite jusqu’à présent. Etrange non ? Le plus impressionnant selon moi : l’intellectuel présentateur de Question pour un Champion – Samuel Etienne – qui a réussi à poser le genou sous une pluie battante, au guidon d’un sulfureuse et ultra performante Aprilia Tuono V4.

« Ils y arrivent tous, elle est où l’arnaque ? » Cette phrase, on l’a lue des dizaines de fois. Et elle est révélatrice de la perception des gens quant au pilotage d’une moto. L’immense majorité pense qu’une moto c’est un miracle d’équilibre, et que si elle est restée sur ses roues pendant des milliers kilomètres, c’est grâce à leur talent de pilotage, aux pneus bigommes machin ou à la chance peut-être.

Aucune botte secrète pour piloter une moto décemment.

La réalité est souvent plus précise et nuancée. Et pourtant, il n’y a rien de magique, mystique, obscure. Il n’y a pour ainsi dire aucune botte secrète pour piloter une moto décemment. C’est un empilage d’expérience, de ressenti, de lois physiques et de réalités mécaniques. Pas d’inconnue. En revanche, il y a bien trois facteurs indispensables à la réussite de votre apprentissage du pilotage moto.

Premièrement : se connaître c’est comprendre

poser le genou - se connaitre

Les animateurs de High Side sont tous des journalistes essayeurs. De par notre fonction, à force de piloter des centaines de machines différentes, dans toutes les conditions possibles, sur tous les circuits et routes du monde et avec autant de pneus et d’états mécaniques que le hasard en propose, nous avons une certaine expérience et une manière d’envisager le pilotage moto aussi marginale que vaste. Ce qui fait qu’on est passés par à peu près tous les états psychologiques, toutes les peurs, toutes les craintes, les questionnements, les sensations bizarres et les humeurs qu’un humain peut ressentir sur une moto.

Faire la part des choses entre le vrai, et le faux. Entre l’intuition, et la sensation.

Donc la première raison pour laquelle cette rubrique se termine systématiquement dans la joie, c’est parce qu’on sait se mettre à la place d’une personne qui apprend et qui ressent des choses qu’elle ne sait pas expliquer en pilotant une moto. Faire la part des choses entre le vrai et le faux. Entre l’intuition et la sensation. Le tout c’est de détecter en la personne qu’on coache, l’état dans lequel elle est et de lui expliquer ce qu’elle ressent en direct et pourquoi elle le ressent. Plus nous sommes proches de cette sensation et plus cette personne sera rassurée de sentir qu’elle est comprise. Cet environnement de confiance enlève une énorme partie de l’angoisse ressentie par les « stars », et rend d’un coup le pilotage moto moins… Mystique.

Il y a une raison à chaque phénomène ressenti

Ça devient presque mathématique, logique. C’est la preuve par A+B et en direct, que tout ceci est normal, qu’il y a une raison à chaque phénomène ressenti et qu’il peut être corrigé en faisant telle ou telle chose. Psychologiquement, on passe de la nuit noire ou l’on ne voit rien, au plein jour, limpide avec une clarté absolue. Expliquer, calmement avec assurance met l’autre dans un environnement de confiance indispensable. Ça ouvre la porte de l’apprentissage et enlève les sentiments toxiques qui viennent parasiter le pilotage : la peur, l’angoisse de l’inconnu… Pour autant, leur expliquer pourquoi les choses sont comme ça ne suffit pas. Il y a deux autres choses primordiales pour apprendre à piloter une moto.

Deuxièmement : commencer petit

poser le genou - commencer petit

Là aussi, le cas Samuel Etienne est révélateur. Ce type a des dizaines de milliers de kilomètres au compteur et avec des machines pour la plupart humbles… Petits trails, custom, sport-GT, voyageuse… Depuis qu’il a l’âge de 15 ans, il se déplace uniquement en deux-roues, été comme hiver, même quand il neige. Il a, c’est indéniable, une immense expérience de la conduite sur deux roues. Pour autant, quand il s’agit d’apprendre quelque chose de nouveau, il est important de commencer petit. Raison pour laquelle dans cette rubrique on attaque toujours avec une petite moto. Et en l’occurrence, nous avons choisi l’Aprilia Tuono 125. Un mini réplique de la grosse Tuono V4 qu’il allait chevaucher plus tard. Sa réaction était une des plus humbles que j’ai pu entendre jusqu’à présent : « J’apprends sur chaque machine que je ne connais pas et je trouve ça intéressant de ressentir des nouvelles choses ». Jusque-là, le mec est classe… Et il enfonce le clou : « Pour autant je ne fais pas le malin, j’attends de savoir comment elle se comporte… De la comprendre ».

On peut apprendre bien des choses sur une 125

Contrairement à de nombreuses personnalités que l’on reçoit, son approche était mot pour mot celle qu’on attend, et que l’on entend trop rarement. Exact : on peut apprendre bien des choses sur une 125. En fait, du moment que cela possède 2 roues et qu’on tente quelque chose de nouveau, on apprend. Gérer la légèreté, avoir assez de courage pour garder beaucoup de vitesse en entrée de courbe étant donné que le moteur n’est pas assez vivace pour compenser une faible vitesse par l’accélération. Apprendre la position à bord, qu’il faut exagérer sur ces petites machines. Ce n’est pas rien d’apprendre sur une petite cylindrée. On réduit le risque, on maximise l’apprentissage. Mais l’essentiel de la démarche n’est pas seulement matériel, commencer petit, c’est aussi et surtout accepter de se laisser le temps, c’est s’attaquer à un défi de manière progressive, en acceptant de se mettre dans la peau de « celui qui ne sait pas ». Ne pas avoir peur d’être ridicule au début, car nous l’avons tous été, et le sommes encore aujourd’hui dans bien des choses de la vie auxquelles nous ne sommes pas accoutumés. Si vous voulez apprendre, alors apprenez. Débutez avec des motos humbles. Et allez chercher des conseils auprès d’écoles de pilotages. Elles sont très nombreuses en France et une grande partie d’entre-elles ont des coaches aux palmarès ahurissants. N’ayez pas peur d’avoir honte et lancez-vous. On est tous le poireau de quelqu’un.

Troisièmement : le mental

poser le genou - le mental

Le facteur le plus important de tous : le mental. Un dénominateur commun entre nos célébrités. Qu’on apprécie leur travail ou non, qu’on les considère ou pas, chaque personnalité à venir se frotter au défi High Side possède un profil particulier, qui l’a mené au rang de célébrité depuis le départ. Une approche de la vie différente de la masse. Une confiance en eux plus importante que la moyenne et surtout, la soif d’apprendre et de vivre de nouvelles expériences.
Là aussi, derrière son apparente timidité et son gabarit… compact (il mesure 1,67 m), on ne se doute pas que Samuel Etienne, en plus d’être un animateur télé est une adepte de courses à pieds : plus de 20 marathons, 2 triathlons, 3 Ironman, 2 marathons des sables et tout ça en ayant une vie professionnelle très chargée. Imaginez la volonté de titane que cela demande et vous aurez une idée de ce qui m’a traversé l’esprit quand j’ai regardé les prévisions météo pour notre tournage. On nous promettait l’océan sur la gueule. C’était hautement risqué d’essayer de faire poser le genou à un néophyte dans ces conditions. Pour autant j’ai décidé de maintenir ce tournage, parce que quand j’ai fait la liste des choses que cet homme a accompli dans sa vie, je me suis dit que s’il y en avait bien un cette saison qui y parviendrait, ce serait lui. J’en étais intimement persuadé. Une fois mes conseils entendus, je savais qu’il irait puiser en lui la volonté de se surpasser et surtout d’oser. Oser être ridicule, puisque tout ça est filmé et diffusé en télé (c’est pas rien de passer pour un con devant une partie de la France), puis oser braver le danger, le risque de se louper, de tomber puis de se blesser.

Il faut doser intelligemment le courage et l’inconscience

Je savais qu’il allait être sur le fil. Celui de l’équilibre précaire d’une moto en conditions d’adhérences faibles : tout va bien et d’un coup tout va mal. Je savais qu’il doserait intelligemment le courage et l’inconscience. Je lui ait fait confiance, et il m’a remercié de la plus belle manière : en réussissant le défi. Poser le genou sur une machine aux performances démoniaques, sous une pluie diluvienne. Bravo Samuel, juste… Bravo.

[ts_toggle admin-label= »Toggle » element-icon= »icon-resize-full » title= »Les motos du tournage avec Samuel Etienne » description= »Ce coup-ci on trouvait sympa de prendre une petite et une grande du même nom : l’Aprilia Tuono 125 et V4 ! Tuono veut dire « tonnerre » en Italien. Esthétiquement, la 125 est incroyablement proche de la grande. Mais inversement facile à prendre en main. Un jouet très efficace, et parmi les plus performants de la catégorie. Légère mais dotée d’une partie-cycle en aluminium de premier rang comme on le voit toujours chez Aprilia. La V4 est un roadster de 1100 cm3 presque identique à la sportive de la marque, la RSV4. Une machine très performante avec un caractère volcanique et une partie-cycle chirurgicale de précision. Malgré tout, une multitude de modes et d’assistances électronique la rendent rassurante et sûre même quand les conditions se dégradent. Preuve en est la prouesse de Samuel Etienne. » state= »closed » reveal-effect= »none » reveal-delay= »delay-500″ element-type= »toggle » custom-classes= » » lg= »y » md= »y » sm= »y » xs= »y » ][/ts_toggle]

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