Interview : Johann Zarco nous raconte ses débuts
peoplepar Adrian
À l’occasion de l’EICMA, Shark nous a invité à rencontrer leur pilote emblématique Johann Zarco. Adrian en a pour faire une interview sur ses débuts à moto, époque où ils roulaient ensemble !
Temps de lecture : 5 minutes
Adrian : On s’est déjà vu, mais c’était il y a longtemps : je faisais de la moto avec toi, en PW, sur le circuit Océane, à Antibes…
Johann : Ah, si longtemps !
Adrian : Ouais…
Johann : Tu roulais aussi en PW ?
Adrian : Oui !
Johann : T’aurais pu devenir pilote !
Adrian : Et toi t’aurais pu devenir journaliste chez High Side ! (rires)
Johann : Rappelles-moi ton prénom ? T’avais quoi comme combi ?
Adrian : Adrian et j’avais un canard dans le dos. Je roulais sur une Husqvarna 50.
Johann : T’es de quelle année ?
Adrian : 1991. Tu roulais avec ton père, t’avais un PW bleu et orange, je crois.
Johann : Ça, c’est vraiment les débuts de chez débuts…
« Ça se voit que votre fils fait de la moto… »
Adrian : Justement, raconte-nous un peu ces débuts.
Johann : Je découvre ce circuit Océane, qui est en face de Marineland, parce que mes parents habitent à 3 minutes de là . Ils faisaient un peu de motocross en location, c’était en 1999, je dirais. Mes parents me payaient des petits tours de moto… Et le loueur a dit à mon père : « Ça se voit que votre fils fait de la moto… » Mon père lui a répondu : « Non, c’est juste qu’il me demande de venir, c’est la deuxième ou troisième fois qu’il roule. » « Ah, il se débrouille bien ! Il y a un moto-club à Cagnes Sur Mer, c’est de l’asphalte mais allez-y, au moins il roulera avec d’autres gamins. » Et c’est parti de là : je suis allé au moto-club, puis j’ai eu un PW, ma première combi, c’était une deux pièces, mais il y avait des sliders. C’est d’ailleurs dès que je les ai eus que j’ai mis le genou par terre pour la première fois.
Adrian : C’est ouf.
Johann : Le circuit n’existe plus : il sert de parking pour les touristes de Marineland. Mais l’an dernier, mon père a croisé le loueur à Carrefour. C’est quand même lui qui a dit à mon père d’inscrire son fils au Moto Club de Cagnes…
Le loueur s’est mis à pleurer tellement ça l’a ému…
C’est pas ça qui fait toute l’histoire, mais c’est un bon début. Il ne l’a pas reconnu, alors mon père lui a dit : « Je suis Monsieur Zarco, le père de Johann. Vous vous souvenez, vous aviez le circuit Océane, c’est vous qui m’aviez dit d’aller l’inscrire… Merci. » Et il lui a offert une bouteille de champagne. Le loueur s’est mis à pleurer tellement ça l’a ému… Donc c’est un peu parti comme ça. Après, il y a eu des aventures… J’étais seul avec mon père et il n’y connaît rien en moto.
Là , tu vois un peu que la moto, c’est un peu farfelu. C’est finalement pas un très beau milieu, si c’est pas bien géré… Puis on a rencontré Laurent (NDLR : Fellon, coach actuel de Johann), qui était quelqu’un de franc, sincère et compétent. Et mon père a adoré ce personnage. Laurent a su me guider à partir de 2003-2004. Au final, j’ai « rouloté » de 1999 à 2003 mais c’est quand même le fait de « rouloter » qui m’a mis le pied à l’étrier.
Adrian : Et à ce moment là , tu pensais arriver où tu en es aujourd’hui ?
Johann : Je sais même pas… J’avais quand même un esprit de compétiteur. Mais ça a commencé en rencontrant Laurent, en 2003-2004 et quand il m’a dit : « Si tu veux être pilote, faut faire du pocket bike ». Moi, j’avais déjà fait du 50 à vitesse et même un peu de 125… Mais le mec il dit : « Il faut refaire du pocket, à 14 ans ». D’accord. Et c’est là que ça a commencé…
« Tant qu’à faire, si tu me demandes ce que je veux viser, ben, j’aimerais bien battre Rossi. » Et finalement, j’y suis les mecs. C’est trop bon.
C’est curieux, une fois j’ai fait un interview pour Nice Matin. Le but, c’était de se faire un peu connaître, présenter les sponsors… C’était début 2004 ou fin 2003. Le journaliste me demande : « Quel est ton objectif ? ». Et moi, je savais pas trop quoi répondre, j’ai dit : « Tant qu’à faire, si tu me demandes ce que je veux viser, ben, j’aimerais bien battre Rossi. » Et finalement, j’y suis les mecs. C’est trop bon.
Adrian : Étant donné que l’on est sur le stand Shark, de quand date ta collaboration avec la marque ?
Johann : Elle date de 2009, de mes débuts en GP. Laurent les connaissait, ils étaient pas loin, c’était une marque française qui aidait un pilote français… Ça c’est fait naturellement. Et je n’ai pas de raison de changer parce que quand tu regardes les marques de casques, ils font bien partie des 3 meilleurs.
Adrian : Ton casque est d’origine ?
Johann : Oui. J’ai pas les dernières mousses, je préfère les anciennes aux nouvelles, elles me tiennent mieux la tête. Je ne suis pas très pénible. Le pire pour la personnalisation, c’est Jorge (NDLR : Lorenzo) ! Moi, c’est assez standard. Ça par contre (NDLR : il montre le Street Drak que l’on va vous faire gagner), je kiffe grave.
Adrian : C’est toi qui as voulu ce réplica ?
Johann : Ouais, je trouve que dans ces couleurs pas trop flashy, ça passe nickel. Je suis fan du casque. L’hiver ça te protège super bien, t’as pas de buée car les lunettes et le masque sont séparés.
Adrian : Tu l’utilises avec quoi comme véhicule ?
Johann : À la maison j’ai un scoot : un Xmax 300. D’ailleurs, ça m’embêtait de signer avec KTM, parce qu’ils n’ont pas de scooters (rires).
Mauvaise ou bonne, c’est l’intention qui compte, vraiment.
Adrian : Un dernière question : si tu devais donner un conseil au Johann Zarco de cette époque, tu lui dirais quoi ?
Johann : Réfléchis pas, ne change rien. J’étais tellement dans mon monde que quand Laurent me disait quelque chose, je le faisais. Et ça, ça m’a beaucoup aidé parce que qu’il sache ou qu’il ne sache pas, je le croyais tellement à 100% que ça m’a emmené loin. Mauvaise ou bonne, c’est l’intention qui compte, vraiment. Et son intention était bonne et la mienne aussi. Je me dirais aussi de ne pas essayer de grandir plus vite et d’y croire.
C’est ce que mon père a fait finalement : garder un peu de distance, me laisser faire à mon feeling. Il a pas fait le père : « Ah, fais-ci, fais-ça… ». Et ça je crois que ça a été une bonne éducation, peut-être parce que j’étais le troisième enfant, il a laissé du mou et ça a bien marché…
Adrian : Merci Johann.