La Yamaha Tracer 900 a compris
Yamaha Tracer 900par Adrian
En interprétant le concept du Trail à sa façon, Yamaha a inventé la Yamaha Tracer 900. Une moto qui casse les codes de cette catégorie. Mais bon, étant donné que les codes en question sont dépassés, c’est plutôt une bonne chose.
Ces dernières années, les constructeurs européens pensent avoir fait un grand pas en avant : ils ont réinventé le concept du trail. Pour ça, ils ont pris les moteurs les plus puissants de leur gamme et les ont mis dans des motos faites pour parcourir le monde. Selon Ducati, BMW et KTM, c’est ça le futur du voyage : 160 chevaux minimum et une déferlante d’assistances électroniques. Et ils en sont tellement fiers, qu’ils ont décidé de les vendre une fortune : 16 000 euros, minimum.
De son côté, Yamaha a pris une autre direction, moins présomptueuse. Et ils ont, vraiment, créé ce que je considère comme le trail du XXIème siècle. Dans le plus grand calme.
D’un côté, ça ne pouvait que venir de Yamaha…
Avant de continuer, est-ce que vous savez qui est le fondateur du mouvement « trail » ? C’était la Yamaha XT 500 (déjà eux).
Et elle a fait un carton parce qu’elle était simple : un monocylindre de 500 cm3 développant à peine plus de 30 chevaux, un freinage humoristique, et 139 kilos sur la balance. À son guidon, le motard avait envie de partir faire le tour du monde. Découvrir de nouvelles contrées. Réduire la famine en Afrique. Repeupler l’Atlantide. Il savait qu’il pouvait faire tout ça, parce que la moto était facile. Il suffisait d’environ 2 minutes à son guidon pour la dominer. Et ainsi faire naître les plus grandes envies d’évasion et d’aventure.
Sauf que l’évasion se résumait bien souvent à partir en pique-nique en forêt de Fontainebleau ou escalader un trottoir parisien. 40 ans plus tard, l’Homme moderne est censé avoir pris conscience du fait qu’un trail ne le rendrait pas plus heureux, ni ne lui permettrait de quitter son quotidien morose et répétitif.
L’Homme moderne a pris conscience du fait qu’un trail ne le rendrait pas plus heureux
Non, ce qu’on demande en 2017 à un trail c’est : des sensations immédiates, du confort, des aspects pratiques et un plaisir accessible et instantané au guidon. Basta. Bonne nouvelle : c’est exactement ce que propose la Tracer.
CP3, je t’aime
Son âme vient de son moteur : le CP3, pour Crossplane – le calage des cylindres – et 3 pour leur nombre. Yamaha adore les moteurs Crossplane, qui ont la particularité de proposer un couple mieux réparti, à architecture équivalente. Enfin, ça c’est surtout valable sur les 4-cylindres étant donné que tous les 3-cylindres ont naturellement un calage semblable au Cross Plane… Mais bon, la magie du marketing fait de ce 3 cylindres, un Cross Plane. Et dans la Tracer 900, ça se solde par un moteur explosif, qui prend les tours très vite, comme s’il était extrêmement léger. Ce qui fait qu’une fois en route, la moto a tendance à accélérer avec une facilité déconcertante. Et ça, c’est vraiment cool. Ça veut dire que par une légère rotation de la poignée, vous pouvez vous sortir de n’importe quelle situation. Sans avoir à changer de rapport ou trop réfléchir à votre régime moteur. Et, de mon point de vue, c’est le meilleur sentiment de liberté que puisse offrir une moto. Pouvoir se débarrasser de n’importe quelle automobile en dépassant dans un mouchoir de poche. S’extraire d’une intersection délicate en un clin d’oeil. Et, accessoirement, faire des wheelings avec une facilité infantile.
Aussi pour voyager
Là où je trouve que Yamaha a été très fort, c’est qu’ils ont réussi à mettre tout ce qu’il faut autour de ce moteur sensationnel pour que vous puissiez également voyager avec. Parce que peut-être que vous prévoyez réellement de parcourir le monde, réduire la famine en Afrique et repeupler l’Atlantide. Chacun ses délires. Donc, Yamaha a créé la moto parfaite pour profiter de cette motorisation, longtemps. Son châssis est stable, rassurant et d’une facilité déconcertante.
Yamaha a créé la moto parfaite pour profiter de cette motorisation, longtemps.
Cela fait que la Tracer avale les virages. Elle dépasse les difficultés de la route sans se retourner. Côté confort, c’est un sans-faute. La bulle et les protège-mains offrent une parfaite protection. L’autonomie est suffisante (près de 300 km en faisait un peu gaffe). La position ne fatigue ni le pilote, ni son passager. On regrette juste la selle un peu dure à la longue. Bref, vous allez pouvoir vous délecter durablement de son moteur. Et serez sûrement un peu triste d’arriver à destination.
Pas de terre, pas de problème
Argument ultime selon moi : la Tracer n’est pas faite pour rouler dans la terre. Attention, on peut quand même y aller à son guidon : la garde au sol est suffisante et la position s’y prête. Mais elle n’a pas été pensée pour ça. Ce qui est une excellente chose étant donné qu’honnêtement, en 2017, plus personne ne va dans la terre, faut arrêter. Les seules personnes qui font ça roulent en BMW GS. Et ces gens-là n’ont pas besoin de moto, étant donné qu’ils ont déjà une GS.
En 2017, plus personne ne va dans la terre
Bref, la Tracer offre énormément de sensations, permet de rouler aussi vite et aussi longtemps que des motos coutant au moins 5000 euros de plus, sans aller sur un terrain où personne n’a de toute façon envie d’aller. Et c’est pour ça qu’elle a tout compris.
Pourquoi est-elle meilleure que la MT-09, sa version roadster ?