Souvenir de tournage : 1 scooter et 1 turbo
billetpar Adrian
10 minutes : très précisément le temps qui sépare mon pire et mon meilleur souvenir de la dernière saison de High Side. Je m’en rappelle très bien.
C’était lors du tournage du sujet : « Vaut-il mieux rouler en scooter ou s’euthanasier ? » dans les Gorges Du Loup, une route montagneuse, étroite, humide et froide. Il était 14 heures. Cela faisait une journée et demie que je me traînais sur le truc le moins bandant de toute la saison : un Yamaha TMax. Je l’ai garé sur le bord de la route, on a déchargé le TMax Turbo du camion et 10 minutes après j’étais dessus.
Jusque là, j’étais plutôt confiant. Je me disais que c’était juste un gros scooter préparé, un peu moins moche qu’un gros scooter d’origine. Mais voilà, ce TMax développe 103 chevaux, à la roue.
Ajoutez à cela des pneus neufs, une route humide, un turbo qui rend l’arrivée de la puissance violente et vous obtenez un combo qui m’a terrorisé.
Sans parler de l’histoire que venait de me raconter Dietmar, notre assistant de production. En allant récupérer le TMax Turbo chez son préparateur, ce dernier lui avait montrer des goujons de porte-couronne de Yamaha R6 (les roues qui équipent ce scooter) arrachés par la puissance du moteur sur lequel j’étais assis. Ambiance.
Au bout de 5 minutes, j’ai finalement réussi à chasser les images d’accidents de la route et de goujons de porte-couronne de mon cerveau et enfin accéléré à fond. Tout ce dont je me souviens, c’est de devoir couper parce que mes yeux étaient baignés de larmes. Je ne sais toujours pas si c’était la peur ou le froid.
ce qui s’en rapproche le plus, ce serait un grand huit.
J’ai du mal à expliquer précisément ce qui se passe quand on tourne sa poignée droite, car ce n’est comparable à aucun véhicule terrestre. C’est à la fois la linéarité d’un scooter (et de son variateur) et l’accélération d’une moto hypersport. Je pense que ce qui s’en rapproche le plus, ce serait un grand huit. Le genre de truc qui vous pousse en avant, sans trop de sensations mécaniques (du genre des vibrations ou des variations d’accélération) mais qui vous donne la banane par la rapidité à laquelle vous atteignez une vitesse élevée. Le plus difficile étant de s’accommoder de la latence entre le mouvement de votre poignet droit et l’arrivée de la puissance à la roue-arrière, à cause du variateur. Il y a un léger décalage, qui vous donne l’impression de contrôler approximativement ses 103 chevaux.
Ce Tmax Turbo développe la puissance de 3 Tmax d’origine.
Vous allez me dire, c’est “que” 103 chevaux. Les Hypersports modernes en développent près du double. Sauf que quiconque a déjà essayé un maxi-scooter sait que leur puissance paraît toujours plus importante que ce qu’elle est réellement. Ainsi, les 36 chevaux du TMax paraissent bien plus nombreux quand on est dessus. Eh bien dites-vous que là, il y a réellement 103 chevaux. Quasiment 3 Tmax.
Évidemment, ça remplacera jamais les sensations que l’on peut ressentir sur une moto, mais c’était bel et bien mon moment le plus sensationnel de la saison. Vous allez me dire que c’était sur un scooter : j’en ai affreusement honte. Alors je me rassure en me disant que c’était sur un turbo, avec – effectivement – un scooter autour. Et du coup, ça me sauve de l’euthanasie.