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Je sais, après l’article de François sur la gamelle de Bader, ça fait un peu doublon. Mais quand notre barbu se gausse de Bader, je fais mon introspection. Oui, mon meilleur souvenir de tournage est une chute. Mais c’est la mienne. Et j’en suis fier. Je conçois que ce genre de réflexion suscite quelques remarques désobligeantes et fasse le bonheur des psys qui nous lisent, mais j’assume.
D’abord, il faut vous situer l’action. On est en Corse pour tourner le sujet où Will (sur une sportive, la R1) et moi (sur un trail, la R 1200 GS) traversons l’ile de beauté. Mais on n’est pas tous égaux devant la beauté : Will a bénéficié des plus belles routes, moi j’ai failli me faire bouffer par des porcs. Mais je n’en veux pas à Bader d’avoir tenté de se débarrasser de moi (c’est lui qui a écrit ce sujet), je sais qu’il me déteste et je le lui rends bien.
Alors que je m’ennuie sur une route pénible et rectiligne, je décide de passer par les chemins, pour pas m’endormir. Ça changera et ce sera plus dynamique.
« Tu crois que tu pourrais sauter par dessus ce chemin ? »
Surtout, je pourrai faire des travers dans la terre. J’aime bien faire des travers. Soudain, je ne sais plus qui – mais je soupçonne Yann, un cadreur qui me déteste lui aussi – désigne un chemin surélevé. « Tu crois que tu pourrais sauter par dessus ? »
Ben tiens, avec une GS de 250 kilos, des pneus de route et un tapis de feuilles mortes sur de l’herbe, ça va être du gâteau. Bon, dans ces cas-là, ce qui compte c’est d’y croire. Je rassemble tout ce qu’il me reste de souvenirs en off-road (pas difficile, je suis une tanche) et je me lance. Arriver doucement, mettre la grosse BM bien en ligne et donner un franc coup de gaz sur l’appel pour bien comprimer les suspensions. Contre tout attente, le monstre d’acier s’arrache à l’attraction terrestre avec la grâce d’une danseuse étoile mise ippon par Teddy Riner. La trajectoire balistique est parfaite, la roue arrière reprend contact avec le sol de l’autre côté du chemin, l’atterrissage se fait en douceur, tout en contrôle. Je suis aussi fier que soulagé…
J’ai pas dit un mot, j’ai baissé l’écran du casque et j’y suis retourné.
Kaz me demande de le refaire pour doubler la prise, quand Séb’, notre pilote de drone, ajoute « C’est dommage, un poil plus de gaz et tu la sautais entièrement… ». Ceux qui connaissent la réaction de Marty Mc Fly dans Retour vers le Futur me comprendront. J’ai pas dit un mot, j’ai baissé l’écran du casque et j’y suis retourné. Mais en voulant prendre plus de vitesse – au lieu de mettre davantage de gaz sur l’appel – je n’arrive pas parfaitement en ligne. Durant son envol, le bestiau prend de la gîte… et va rattraper un monstre pareil qui commence à s’incliner dans les airs !
Soyons positif : l’envol est une réussite. Et puis cette fois, je saute largement par-dessus la route. Mais quand la roue avant touche le sol, la GS se couche instantanément. J’en profite pour saluer le génie de l’architecture teutonne : grâce au flat twin, qui déborde largement des deux côtés, je ne me suis pas retrouvé coincé sous la moto. Mieux, j’ai pu la relever tout seul !
Bref, je ne me suis pas fait mal, on a l’équivalent d’un « money shot » de film ricain (toute proportion gardée, hein, mais c’est l’impression que ça m’a fait !) et c’était juste la scène qui manquait pour conclure l’histoire.