Pourquoi (pas) acheter une Kawasaki Z800
Kawasaki Z800par Adrian
Temps de lecture : 4 minutes 5 secondes
Sujet de philo : Est-ce qu’une bonne moto est forcément une moto que l’on doit avoir dans son garage ? Vous avez 4 minutes de lecture pour y répondre.
J’ai jamais été bon en philo. À l’école, j’étais meilleur en absence qu’en littérature. Ou qu’en sciences. Ou qu’en sport. Bref, il m’est impossible de répondre à une telle question. En revanche, ce que je peux faire, c’est essayer une bonne moto, la Kawasaki Z800 et vous conseiller ou non de l’acheter. Et tout ça sans citer BHL ou Jean-Claude Van Dame.
Le jour où j’ai failli avoir une Z750
La Z800 est l’héritière de la Kawasaki Z750. Un roadster qui est resté 7 ans à la première place des motos les plus vendues en France (entre 2004 et 2012). La raison de son succès est simple : elle était vendue au tarif d’un 600 cm3 et ressemblait fortement au Z1000. En gros, pour le prix d’un 600 cm3, vous aviez un truc qui ressemblait à un 1000 cm3.
Moi-même au moment d’avoir mon premier gros cube, j’ai failli en avoir une. Mon père vendait des Kawasaki et des Ducati, j’avais donc le choix entre ces deux marques. J’avais une préférence pour la Z parce qu’elle faisait « grosse moto » et elle avait un look agressif.
J’ai dû être déçu trois secondes, puis je suis retourné faire des glisses sur le parking de Lidl.
C’est à peu près tout ce que je savais d’elle à l’époque – ce qui m’intéressait, c’était faire des courses de supermotard sur des parkings de supermarché, le reste, c’était naze. Au final, mon père a fait une affaire sur une Monster 695 et j’ai eu une Ducati. J’ai dû être déçu trois secondes, puis je suis retourné faire des glisses sur le parking de Lidl. Mais ma réaction est quand même intéressante : j’y connaissais pas grand-chose aux motos de route, du coup, j’ai choisi celle qui avait l’air la plus puissante. En fait, ce comportement explique même beaucoup le succès des Z.
Un moteur pas dégueu !
Du coup, j’ai jamais mis mes fesses sur une Z750, mais j’ai passé une semaine avec une Z800. Déjà , il faut noter qu’elle n’a pas connu le même succès. Elle n’a jamais été la moto la plus vendue en France. La raison est simple : la concurrence s’est réveillée et tous les roadsters 600 qu’elle concurrençait ont aussi gagné en cylindrée. Pourtant, la Z800 est clairement mieux que la Z750 !
D’abord, elle hérite de la même base moteur et châssis. C’est-à -dire un truc un peu lourd, mais surtout très vieux.
Le bloc moteur est celui de la Kawasaki ZX-9R, apparue en 1994.
Et le bloc de la ZX-9R venait lui même de la Kawasaki ZXR 750, sortie en 1989.
Qui avait elle-même hérité du moteur de la Kawasaki GPX 750, sortie fin 1986 et qui était le moteur Kawasaki le plus récent de l’époque…
Bon, évidemment, ce moteur a subi pas mal de modifications en 27 ans, mais dans l’idée, ça reste un gros bloc de métal de conception vraiment ancienne !
En revanche, en termes de comportement, il n’y a rien de choquant. J’avais pu lire un peu partout que la Z était un veau, c’est totalement faux. Ce moteur est même carrément sympa : il est coupleux et pousse méchamment quand il monte dans les tours.
On s’amuse assez rapidement à accélérer à fond au guidon de la Z.
Bon, je me suis aussi vite rendu compte que c’était parce que la démultiplication était courte, une recette usée ces dernières années par Kawasaki pour rendre ses moteurs de roadsters sensationnels.
Autre chose que j’ai aimé sur ce moteur : sa linéarité. Il délivre sa puissance et son couple de façon très prévisible, ce qui fait qu’on s’amuse assez rapidement à accélérer à fond au guidon de la Z. Et c’est toujours cool de mettre une poignée à fond.
mieux vaut avoir un abonnement à la salle quand ça tourne.
Toutefois, ce vieux moteur fait son poids. Étant donné sa conception ancestrale, il ne dispose pas des technologies récentes. Par exemple, un moteur de Yamaha MT-09 sera tout aussi puissant (3 chevaux de plus même), mais bien plus léger et étroit ! Et quand il faut passer d’un angle à l’autre, s’il y a bien un truc que l’on sent, c’est le poids du moteur. Étant donné que la Z800 possède un cadre en acier et affiche 230 kilos sur la balance, vaut mieux avoir un abonnement à la salle quand ça tourne.
Une partie-cycle surprenante
Heureusement, le châssis est très bon. Il est stable, précis et rassurant. J’adore l’équilibre de cette moto. Elle est juste assez basculée sur l’avant pour mettre le pilote en confiance, sans être inconfortable. Parce qu’une moto basculé sur l’avant, permet de mieux sentir ce qui se passe sous ses roues, et ça, ça permet de rentrer fort en courbe ! Ce qui fait que sur piste, la Kawasaki Z800 est même capable de rouler étonnement vite !
Et ça, aucun des détracteurs de la Z ne vous le dira !
Et pourtant…
Cela dit, après avoir passé une semaine à son guidon, j’ai eu aucun pincement au cœur quand il a fallu la rendre. C’était un peu comme rendre des chaussures de bowling : vous vous êtes bien amusés avec, mais bon, c’est pas pour autant que vous avez envie de les garder.
La raison est simple : les sensations qu’elle me procurait à chaque fois que je la prenais ne sont pas celles que je recherche sur une moto. La linéarité de son moteur, sa lourdeur et le fait de devoir rouler haut dans les tours pour avoir des sensations sont autant de choses que j’aime pas sur une moto.
Un beau jour, j’aurais essayé autre chose et j’aurais réalisé que cette Z800 ne me correspondait pas.
Pourtant, si je l’avais eue comme premier gros cube, j’aurais sûrement été content de rouler avec. Parce que je n’avais aucune idée de la sensation que peut offrir une moto coupleuse ou d’à quel point une moto légère est éclatante sur route. Mais ça aurait duré un certain temps. Un beau jour, j’aurais essayé autre chose et j’aurais réalisé que cette Z800 ne me correspondait pas.
C’est sûrement ce qui a dû arriver à beaucoup de possesseurs de Z. Un beau jour, avoir une moto avec un look agressif, un joli bruit et un moteur puissant ne suffit plus. Ce qu’on veut, c’est une moto qui corresponde à nos gouts… Mais le seul moyen d’y être confronté, c’est d’avoir roulé en Z…
Alors allez-y, achetez-en une, juste pour être sûr que vous aimez pas ça.