La Yamaha MT-10 fait ce que je veux (donc je l’aime)
Yamaha MT-10par Stéphane
Temps de lecture : 4 minutes 30 secondes
La Yamaha MT-10 possède deux personnalités : fulgurante de couple et sensationnelle quand on la titille, elle sait aussi se montrer douce. Ce qui fait deux bonnes raisons de l’aimer.
La Yamaha MT-10 est une anarchiste. Ça nous fait un point commun. J’ai du mal avec l’autorité. En fait, je comprends qu’il y ait des règles à respecter en société, mais quand je les trouve stupides, j’ai du mal à m’y conformer. Par exemple, pourquoi interdire les wheelings ? C’est esthétique, aérien (enfin, pas ceux de Ponpon, mais bon…) et aussi agréable à regarder qu’à réaliser. Et ça engage surtout l’intégrité physique de celui qui le fait. Ce long préambule pour vous expliquer pourquoi je kiffe la Yamaha MT-10. Pas seulement parce qu’elle adore se balader sur la roue arrière, mais surtout parce qu’elle se plie à mes caprices et à mon humeur. Et ça, c’est pas si courant !
je comprends qu’il y ait des règles mais j’ai du mal à m’y conformer. Par exemple, pourquoi interdire les wheelings ?
Il y a les roadsters utilitaires, pratiques et sans histoire. J’aime bien quand je suis en mode « aller bosser sans réfléchir et sans risquer mon permis… », soit rarement plus de 15 minutes. Il y a aussi les roadsters performants, beaux et puissants… avec le caractère qui va avec. J’aime bien aussi, surtout quand j’ai des porte-sliders sous la main et qu’il faut enquiller les 25 bornes de virages qui traversent les Adrets de l’Estérel. Le reste du temps, ils me fatiguent. Et puis il y a la Yamaha MT-10. Des formes rondes, généreuses, mais une taille fine. Elle aurait pu être une icône des années 50, la Rita Hayworth des 2-roues ! Mais elle cache sous ses atours un cœur de sportive, emprunté à la R1, et qui bat au rythme de la M1 de MotoGP. Des caractéristiques qui la rendent aussi sympa quand il faut remonter une file de bagnoles dans un embouteillage que pour dégoupiller sur petite route.
Il y a les roadsters utilitaires, les roadsters sportifs et puis la MT-10.
Forte poitrine
Au ralenti déjà, elle me colle des frissons. Le rythme syncopé de son moulin prend aux tripes. Son 4-cylindres en ligne reçoit un calage d’allumage baptisé « Crossplane », ce qui lui donne le caractère d’un V4. Au premier coup de gaz, l’aiguille du compte-tours traverse les graduations sans temps mort, dans un martèlement rappelant la Charge de la brigade légère.
Au ralenti déjà, elle me colle des frissons.
Le feeling de la poignée électronique n’est pas génial, à cause d’un à-coup pénible sur les premiers millimètres, mais on s’y fait assez vite. Ensuite, c’est un torrent de couple qui déferle chaque fois qu’on essore le caoutchouc droit. Résultat, on a la roue avant en l’air sur les 3 premiers rapports en permanence ! Ce n’est pas forcément la plus puissante ou la plus efficace, mais côté sensations, elle est imbattable.
Pourtant, elle sait se montrer douce et attentionnée au quotidien. Si votre truc c’est les pantoufles et le tablier de cuisine, elle sait faire aussi. À chaque fois que j’en reprends les commandes, je reste bluffé par le moelleux que dégage sa mécanique quand il s’agit de reprendre tout en bas du compte-tours. Il n’y a pas une once de brutalité, on a l’impression de piloter un gros chamallow.
Sacré châssis
Malgré ses rondeurs, la Yamaha MT-10 est une sportive accomplie. Agile, facile, mais aussi rassurante, elle invite souvent à la débauche. Et comme la position est relax, avec un guidon idéalement placé et des jambes pas trop pliées, le rythme balade est aussi sympa que l’attaque à outrance. Et dans ces deux conditions, cette Yam’ sait procurer du plaisir comme – presque – aucune autre. Ça vient autant de son équilibre que d’un caractère tantôt sage ou polisson : ce que j’adore avec elle, c’est sa facilité à passer d’un angle à l’autre en nécessitant un minimum d’effort. La MT-10 se place avec naturel, on n’a jamais l’impression de la contraindre. Et puis elle est stable aussi, même si elle secoue un peu dans les parties défoncées, elle ne fait pas peur.
le rythme balade est aussi sympa que l’attaque à outrance
Cela est dû aux suspensions sont un poil sèches pour mon vieux dos, surtout l’amortisseur qui mériterait une hydraulique plus libre et un ressort plus ferme, pour gagner un poil en agilité. Je ne suis pas fan non plus du feeling spongieux du frein avant surtout avec l’ABS non déconnectable. J’aime bien avoir de l’attaque sur les premiers millimètres du levier, ça me rassure. C’est dommage parce que, une fois l’ABS enlevé (il n’aime pas les longs wheelings et se met en rideau), la sensation du levier est meilleure. Malgré tout, la puissance de ralentissement est suffisante.
On lui pardonne tout
Il y a des trucs qui m’agacent sur la Yam’. À commencer par sa boîte de vitesses. Elle est dure, pas spécialement précise et, pour tout dire, désagréable. Le shifter (seulement à la montée des rapports) arrange un peu les choses à l’attaque, mais avec un tantinet de sensibilité mécanique, je continue à utiliser l’embrayage en ville. Sinon, j’ai l’impression que les dents des pignons vont tomber dans le fond du carter.
Parce qu’énervée, la MT consomme presque 9l/100 !
L’autre truc insupportable, c’est l’autonomie et la jauge à essence. Sur le tableau de bord bien complet, les graduations de la jauge ne bougent pas pendant 100 bornes une fois qu’on a fait le plein. Du coup, rassuré et naif, je me dis que j’ai de la marge… Erreur. En 40 bornes les camemberts gris disparaissent plus vite qu’un troupeau de fantômes bouffés par un Pacman zombi ! Résultat, on commence à guetter les stations-service moins d’une heure après être parti. Parce qu’énervée, la MT consomme presque 9l/100 ! Il y a aussi la selle qui tanne le cul et le réservoir trop large au niveau des genoux.
Pourtant, tout ça, je m‘en fous complètement au bout de 5 minutes au guidon. La MT-10, n’est pas parfaite, elle a même pas mal de défauts, mais elle permet de prendre du plaisir en permanence, grâce à un moteur génial, un châssis ultra fun et une position de conduite peu contraignante. Objectivement, ce qu’elle propose (160 ch) pour ce tarif (13 999 euros) n’a pas d’équivalence